Yeah Yeah Yeah
The Beatles - Polythene Pam
Certes, choisir parmi le répertoire des Beatles une chanson d'une minute perdue au milieu du medley d'Abbey Road, c'est un peu vouloir jouer au malin. En général, le medley est considéré comme un ensemble homogène, un tout, pour reprendre l'expression consacrée, supérieur à la somme de ses parties. C'est d'ailleurs le coup de génie de cette fameuse face B, assembler des chutes et des brouillons pour en faire une suite dynamique et passionnante. Sauf qu'en l'occurrence, ce n'est pas pour jouer au malin, mais Polythene Pam est probablement mon passage préféré de toute leur discographie.
Ce qui est quand même frustrant, car on ne peut pas l'écouter comme ça, toute seule. La moitié (sinon plus) de sa force vient du sequencing, de son placement au sein de la face. Quand on la lance isolée du reste, c'est bien mais sans plus, elle redevient ce qu'elle est : une chute, un bon passage trop peu développé. Mais quand on s'est tapé tout le reste du disque avant (soit une bonne demi-heure), et qu'arrive enfin ce riff uppercut, on tient là une des minutes les plus excitantes des Fab Four. Une guitare acoustique grasse et puissante, un rythme qui donne envie de taper dans les mains en criant Yeah Yeah Yeah en choeur, ou de sortir dans la rue pour cogner contre les murs. Le titre de la chanson, obscur et idiot, rajoute à cette mystique incompréhensible.
Quelque part, donc, Polythene Pam ne dure pas une minute mais une demi-heure : tout ce qui vient avant fait partie de la chanson, et semble même uniquement destiné à l'introduire. Le silence avant Polythene Pam, c'est encore du Polythene Pam. Et c'est par son absence remarquable que Polythene Pam règne sur tout Abbey Road (qui, vous l'aurait compris, aurait tout aussi bien pu s'appeler Polythene Pam.)