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Le Bûcher De Violin
5 novembre 2009

Un gros morceau d'amour

jimjonesrevue

On ne va pas pinailler : après avoir vu la Jim Jones Revue il trois jours à l'UBU de Rennes, on ne s'en est toujours pas remis. On s'attendait certes à un bon coup de poing (les critiques de concerts font toutes état d'un blitz ultraviolent), mais à ce point... La soirée avait bien débuté (le DJ passant une sélection à base de Cramps, Stooges, Hoodoo Gurus, Sonics, etc.), le groupe de première partie assurait comme il faut, mais quand la Revue entre sur scène et balance les premiers accords, on comprend qu'on va assister à un concert important. Une heure et des brouettes de rock'n'roll furieux, à un volume sonore ridiculement élevé, le public décolle instantanément, se secoue comme s'il était envahi de puces, ou plongé dans un bain d'huile bouillante (on avoisine les cent degrés dans la salle...) et ne se calmera pas avant la fin du tout dernier rappel. On ressort à genoux en hurlant dans l'oreille de sa compagne : "C'ETAIT UN PUTAIN DE CONCERT", à moitié sourd.

Le lendemain matin, au réveil, à peine le temps de reprendre ses esprits, on court chez le disquaire acheter la bête. Autant être franc, on était un peu passé à côté à sa sortie. Le bouche à oreille n'avait pas encore atteint la riante Franche Comté. On lance le disque, en s'attendant presque à être déçu par le fatidique manque d'énergie des enregistrements studio, et là, en quelques secondes, c'est la révélation : enregistré sur un quatre-piste ou un magnéto à bandes, on ne sait trop, l'album dépasse (en termes sonores) Raw Power, la référence absolue en la matière. Tout est dans le rouge, saturé, et pourtant ça swingue avec élégance, Jim Jones sonne aussi sexy qu'en concert, aussi énervé et classieux, un shouter dans la veine de Rob Tyner, Gerry Roslie ou Peter Case (One Night In America vient à l'esprit.) On est dans la droite ligne de Little Richards ou Jerry Lee Lewis (références évidentes à cause du piano), du rock'n'roll originel (on pense à Loud Fast And Furious, l'indispensable compile Rhino sans laquelle la vie serait une erreur, mais aussi à l'époque Sun en général) réactualisé avec une sauvagerie inédite. Le groupe a également le bon goût de faire durer ça une demi-heure, histoire de ne pas lasser. Alors on le repasse une fois, deux fois, trois fois... Le genre est évidemment très limité d'un point de vue écriture, mais ce n'est pas du tout le propos : ce qui compte ici, c'est l'énergie, point barre. Et même dans un carcan aussi étroit, le groupe a réussi à composer des morceaux qu'on parvient à différencier après trois écoutes, un exploit.

On prend quelques renseignements sur Internet. On constate, amusé, que les gens parlent des anciens groupes de Jim Jones (soit Thee Hypnotics et Black Moses) en connaisseurs, comme s'ils possédaient tous leurs posters dans leur chambre, alors que personne ou presque n'a jamais entendu parler d'eux. On remarque aussi que tous ceux qui ont vu la machine de guerre en concert en sont sortis convertis. Et on se fait cette réflexion : c'est un album fédérateur et important pour les amoureux du rock'n'roll, à une époque où le genre a quasiment disparu. Un peu comme le premier New York Dolls dans le temps, c'est une chapelle, un disque que seuls les fanatiques du rock'n'roll originel vont s'infliger en intraveineuse pendant des mois pour supporter la musique autour. Comme si, de façon prédestinée, ce Jim Jones avait tout pour être le leader d'une nouvelle secte...

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Commentaires
D
Tout ça ne vaut pas "Smoke On The Water" par Leon Bloy & the Barbey d'Aurevilly's, il faut bien le dire.
Le Bûcher De Violin
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