Super Poumons

"Sous-estimé" est un mot qui revient souvent chez les critiques ou les bloggeurs. Souvent, le terme sert à désigner des artistes peu exposés, voire complètement obscurs. Ils ne sont pas tant sous-estimés qu'inconnus du grand public, car ceux qui ont eu vent de leurs exploits ne tarissent pas d'éloges à leur sujet (qui peut sérieusement dire que des gens comme Captain Sensible ou Jack Nitzsche sont sous-estimés ?) A l'inverse, il y a des artistes dont tout le monde connait le nom, mais que personne n'écoute ou ne cite car on pense tout savoir d'eux. Une image leur colle à la peau, une réputation, qu'on balancera dans une discussion sans chercher à en savoir plus. Si vous êtes fiché comme un puceau écossais tout juste digne de plagier Dylan ou chanter trois âneries sur des elfes, rien ne pourra vous sauver.

On ne va pas finasser : sur le Bûcher, on idolâtre Donovan. Si les débuts sont un peu anecdotiques (la période où Dylan se fout de lui dans Don't Look Back), l'écossais se met rapidement à enregistrer ce qu'il fait le mieux : des comptines britanniques au charme fou qui auraient fait fondre le coeur de Lewis Carroll, arrangées avec féerie (Celeste, Lalena...) ou avec un punch étonnant (les morceaux où il est accompagné du Jeff Beck Group, des ovnis comme Season of The Witch, la deuxième meilleure chanson du monde avec Season dans le titre.) Les mélodies sont souvent à tomber par terre, produites avec goût, idéalement chantées, on en reniflerait les sous-vêtements qu'on n'y trouverait rien de douteux...

S'il faut retenir Gift From A Flower To A Garden, ce n'est pas parce qu'il regroupe les meilleures chansons  (une compilation s'impose pour Donovan dans ce cas.) Plutôt parce que c'est un trip, comme on l'entendait à l'époque ; un trip qui remplacerait les microgrammes d'acide par des tonnes de guimauve. Une plongée longue mais pas tant que ça (un double album de soixante minutes, la durée maximale autorisée d'un double...) dans un univers peuplé de crabes, de vagabonds (mais gentils), de poissons rouges, de forêts noires, d'iles désertes, de flemme anglaise. Si le premier disque est plus pop, c'est le deuxième, entièrement acoustique, qui fascine toujours autant et qu'on peut écouter en boucle, des pickings charmants qui ne s'énervent jamais, comme autant de Dear Prudence avortées. Plus mignon, plus naïf et adorable que ça, on ne fait pas.

Comments

[Gertrude Grivois]

Il était mignon, ce petit Donovan ?

[Gertrude Grivois]

Il était mignon, ce petit Donovan ?

[Dandal]

Ah et en tout cas, c'est très bien de faire une référence à "Time Of The Season" des Zombies, mais peut-être faudrait-il le citer explicitement... ?

[Dandal]

Même Deep Purple a repris "Lalena", c'est dire !