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Le Bûcher De Violin
9 octobre 2009

Si la boisson ne me tue pas (son souvenir s'en chargera)

goerge_jones

Ce bon vieux George Jones. Au pays d'Obama, c'est une légende vivante. Ici, on ne le connaît pas, ou mal. Il n'a pas encore été canonisé par un film hollywoodien. On le voit un peu comme leur Johnny à eux, un plouc, un bouseux. Au look pas possible, paillettes, brillantine et stetson. Sur la pochette de l'album, on a l'impression de voire un pote mafieux à JR Ewings. On imagine que les mains sont moites, que le poil sur le torse sent le cigare et le gin. Son histoire d'amour avec Tammy Wynette a été répandue dans les médias jusqu'à vomir. Et quand il se lance dans une sorte d'album de divorce en 1980, ça ne plaisante plus.

A peu près incapable d'écrire une ligne, Jones est un interprète formidable, l'un des plus grands. Avec ce qu'il faut d'aura pour être un chanteur de country crédible (histoires d'amour torturées, fréquents problèmes avec les autorités, l'alcool, la drogue, les centres de désintoxication, etc.), il incarne comme la plupart de ses collègues le mauvais garçon au grand coeur. La country étant un grand réservoir à romantiques, on ne s'étonnera pas de trouver sur ce disque dix chansons dont le spectre s'étend de la mélancolie passagère au chagrin d'amour cataclysmique, comme le titre d'ouverture, l'hallucinant "He Stopped Loving Her Today" (où l'on met quatre couplet à comprendre que si le héros en question a arrêté d'aimer sa femme fatale du rodéo, sa succube à bottines, c'est tout simplement parce qu'il est mort !...)

Pour habiller ces roucoulades, on trouve la production typique de la fin des 70s sur un album de country : flanger sur les guitares, riffs musclés à la Telecaster, chicken picking et pedal steel joués par des chauves ou des moustachus en constumes fluos. Sur "He Stopped Loving Her", on retrouve aussi un déluge de cordes et de choeurs pour montrer qu'on ne plaisante pas (Jones aurait hésité à la chanter, trouvant le pathos de la chanson un peu exagéré, ce qui fait tout son charme.)

La voix de Jones en elle-même est dure à classer. Moins "typée" que celles de Cash, Jennings, Hank Williams ou Merle Haggard, il s'en sort avec un don d'interprétation fulgurant, et trouve toujours l'intonation parfaite pour raconter ses histoires en les rendant crédibles. C'est pourquoi il est aujourd'hui vénéré par absolument tout le monde dans le milieu de la chanson (celle qui compte), à un âge dépassant les trois chiffres.

Le titre de l'album, Je suis ce que je suis, résume le propos qui va suivre : "I've Aged Twenty Years In Five", "If Drinking Don't Kill Me (Her Memory Will)", ou "A Hard Act To Follow", les chansons ont pour unique sujet la bibine et les femmes perdues. L'histoire finit presque logiquement par "Bone Dry", décrivant sur un rythme endiablé tous les symptômes du manque alcoolique. Pas de chanson stupide ou bâclée ici, comme Jones en place parfois pour caler les meubles. Rien pour alléger le propos (même si les mauvaises langues diront que, à trop forcer sur le misérabilisme, tout ici tient du comique involontaire.) Rien ne précise si la femme revient ou pas, mais on imagine que non.

A noter l'apparition surprise de Malcolm Lowry au kazoo dans les crédits.

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