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Le Bûcher De Violin
24 novembre 2009

2 + 2 = 5

(Article publié dans le cadre du concours de ce cher GOLB)

C'est un peu comme les maths, à l'école. Seuls peuvent réellement comprendre Radiohead ceux qui sont nés avec la bosse de la bêtise. Autrement, on peut essayer tous les calculs, avec la meilleure foi du monde, ça ne rentre pas... Sous une vidéo des Highwaymen, sur YouTube, on peut lire ce commentaire : "c'est à qui aura la voix la plus grave". Avec les chimpanzés de Radiohead, on joue à "qui est atteint de la maladie la plus grave." En effet, quelle dégénérescence inconnue peut bien provoquer une telle musique, violant les unes après les autres toutes les règles de l'esthétique ? La grippe A effraie quelques paranoïaques, mais une forme de peste bien plus sérieuse a atteint l'Angleterre au tournant de ce millénaire. Il paraît qu'on a trouvé de l'eau sur Mars, ce qui n'est pas étonnant : l'océan de médiocrité dans lequel Radiohead verse ses excréments années après années a depuis longtemps débordé, et s'ils continuent à ce rythme, on ne s'étonnera pas de trouver bientôt de l'eau sur Pluton, Venus, ou à la surface même du soleil.

Le choix a été difficile. Muse avait de l'avance, mais depuis que le sinistre Bellamy est retenu prisonnier sur l'île de Pâques, on ne peut plus craindre un nouvel assaut de ses troupes. Portishead, une autre formation idiote en "head", est passé tout prêt d'être le plus mauvais groupe de la décennie pour la deuxième fois consécutive, mais au final, leur épouvantable troisième album a rapidement connu le sort qu'il méritait, et plus personne n'en parle à l'heure des bilans. Les groupes passables des années 2000 (Strokes, Arcade Fire, Libertines, White Stripes) ont commis quelques bonnes chansons, et sont donc disqualifiés, malgré un manque d'entrain qu'on peine à camoufler. Le seul pour qui on ne peut absolument rien sauver, c'est bien le destrier infernal de la perfide Albion qui, après nous avoir chatouillé pendant quelques siècles à coups de guerres ou de trahisons a décidé de passer à la vitesse supérieure avec Thom Yorke.

Puisqu'il semblerait (on ne voulait pas le croire avant de faire quelques recherches) que tous les classements populaires installent Radiohead sur leur podium ; puisque des gens sérieux, avec des lunettes ou des costumes gris comme au Figaro (si même la droite n'a plus bon goût, à quoi bon ?), sont payés pour dire que Kid A est un disque important qui définit les années 2000, ce qui peut éventuellement contenir une part de vérité si l'on a passé cette décennie dans un coma artificiel ; puisqu'enfin on devine qu'avec les défenseurs du groupe, pendant une soirée Radiohead, on ne trouvera pas beaucoup de filles, de chansons de Motown, de vin, de danses et de rires mais bien plutôt des sudokus, des Playstations, du Nouveau Roman annoté à chaque page ; pour toutes ces raisons, il convient de résumer un parcours édifiant qui, si on appliquait strictement les lois de l'inertie, aurait déjà dû terminer sa trajectoire en Enfer depuis quelques années. Détaillons l'assaut.

Radiohead, qui dans les années 90 n'était qu'un cheval de bois poussif entré par mégarde dans la forteresse de la pop, va exploser coup sur coup en 2000 puis en 2001, avec deux déflagrations qui, au fond, ont fait bien plus de dégâts que les deux avions de vous-savez-qui. Depuis, quand on lance un de leur disque, on a droit à la totale : rythmes impairs, blagues de geek, R2D2 couinant à la mort, voix insupportable. Ce qui au fond n'est pas si grave, car ceux qui recherchent des émotions, des mélodies, ou tout simplement des chansons qui tiennent debout, se sont enfuis depuis longtemps chercher l'asile politique dans la pop des années 60. Mais voilà, la société n'est pas parfaite : on ne parque pas encore dans des ghettos ceux qui prennent sincèrement leur pieds en écoutant des conneries comme Myxomathosis ou Jigsaw Falling Into Place. Il faut donc supporter leur présence sur les playlists, encore plus épouvanté qu'un mineur texan pieds et poings liés sur la chaise, et entamer dès aujourd'hui la contre-attaque pour que les années 2010 soient plus Mersey Beat que Mercy Seat.

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Commentaires
E
Excellente idée.
C
Ouuuiiii, là il faut bien reconnaître qu'on est devant un auteur.<br /> Et qui en plus a raison.<br /> Tiens je va écouter du Dusty Springfield et pis les Shangri-La
E
Merci !
T
Avec un tel maître du genre en compétition, la partie concours du Top of the Flops est déjà pliée. Quelle hargne !
Le Bûcher De Violin
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